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MERCREDI 2 avril 2003, réfectoire de la prison de Kanara.

Depuis deux semaines, ils avaient droit à des images télévisées, nocturnes, abstraites, de la nouvelle guerre du Golfe. Des pétales de lumière. Des bouquets de soufre. Des sillons de feu sur fond de nuit verdâtre. Avec des commentaires pro-irakiens qui se limitaient à la solidarité naturelle entre musulmans. En prison, ces événements prenaient une résonance lointaine et vague. Tout le monde s’en foutait.

Mais ce soir, c’était différent.

Les images diffusées étaient autrement proches.

Et angoissantes.

Un homme, le visage barré par un masque hygiénique, portant des gants chirurgicaux et un sac-poubelle en guise de combinaison, nettoyait avec application un hall d’immeuble. Le commentaire précisait qu’il s’agissait d’un complexe résidentiel de Kowloon, sur la partie continentale de Hongkong, où plus de deux cent cinquante familles avaient été placées en quarantaine.

Dans le réfectoire, chaque détenu regardait l’écran en silence, comme s’il contemplait les prémices de la fin du monde. Debout au fond de la salle, Jacques Reverdi considérait lui aussi cette scène, en se demandant, pour la millième fois, quel profit il pourrait tirer du SRAS. Son instinct guerrier lui soufflait qu’il y avait quelque chose à puiser dans ce contexte. Mais quoi ?

Depuis environ deux mois, on parlait de la maladie. Les Chinois avaient commencé à raconter que Hongkong et la province de Guangdong, dans le Sud, en Chine méridionale, étaient frappés par une épidémie de grippe mortelle. Peu à peu, on avait appris que cette grippe était une pneumonie inhabituelle – « atypique » disaient les journaux. Au mois de mars, la nouvelle fut officielle : une pneumonie, de nature inconnue, très virulente, se propageait à Hongkong et à Canton, provoquant des centaines de morts. La contamination se développait aussi en Asie du Sud-Est. On évoquait des cas mortels dans les pays frontaliers à Hanoi au Vietnam, à Singapour.

La panique n’avait pas été longue à se répandre dans la taule. Les Chinois furent d’abord placés en quarantaine. Plus personne ne voulait les approcher, comme s’ils étaient déjà atteints par le virus. Ensuite, des détenus montrèrent des signes de la maladie. Fièvre, sueur, toux… Des symptômes psychologiques, mais les masques hygiéniques s’arrachaient déjà à prix d’or. Ainsi que les médicaments chinois traditionnels, amulettes, vinaigre…

Et les informations continuaient d’affluer, de plus en plus alarmantes : l’alerte mondiale avait sonné. On décrivait la maladie comme une affection foudroyante. Elle tuait en quelques jours, sans possibilité de soins. Et il suffisait d’une infime parcelle de salive ou de sueur contaminée pour la contracter.

Reverdi refusait de s’inquiéter. Au fil de ses voyages, il en avait vu d’autres. Il avait croisé la lèpre, la peste, et nombre d’affections contagieuses. D’ailleurs, il était déjà condamné. Mais il devait admettre que les news n’étaient pas très encourageantes. Il était même surpris que les autorités pénitentiaires laissent filtrer de telles informations. Chacun ruminait cette certitude : si le SRAS pénétrait dans la prison, tout le monde y passerait, en quelques semaines. Kanara se transformerait en un monstrueux bouillon de mort.

Le programme télévisé passa à la guerre en Irak, mais plus personne n’écoutait. La rumeur montait déjà, dans le réfectoire. Des voix demandaient pourquoi les prisonniers qui nettoyaient la taule ne portaient aucune protection. D’autres parlaient d’une pétition pour qu’on place les Chinois dans un autre bâtiment. Les Chinois eux-mêmes, relégués dans un coin, commençaient à gueuler. Tout cela puait la baston imminente.

Reverdi préféra s’éclipser.

Dehors, c’était la frénésie de dix-sept heures. Les taulards s’activaient dans la cour, avant d’être enfermés de nouveau, pour toute la nuit. On troquait, on achetait, on trafiquait. Chacun gueulait, s’agitait, s’énervait. D’autres au contraire parlaient à voix basse, un portable dans le creux de la main. Des fourmis s’arrachant des miettes d’espace et d’espoir…

Reverdi longea le mur du réfectoire et rejoignit la cour des cuisines, d’où s’exhalaient des effluves si abjects que personne ne s’y risquait. À cette heure, c’était un carré rose, qui ressemblait à un lit de braises. Un ruisseau coulait au centre : eaux grasses et déchets flottants. Jacques commença à faire les cent pas, en ayant l’impression de patauger dans une fange en fusion.

Il abandonna le SRAS pour passer à son sujet favori : Élisabeth. Il attendait sa lettre. Et cette impatience l’agaçait de plus en plus. Le petit jeu qu’il mûrissait à l’égard de l’étudiante lui occupait beaucoup trop la tête. Pour être efficace, un chasseur devait toujours rester lisse et froid.

Et lui se tordait les mains, à compter les jours.

 

Jeudi 10 avril, parloir de la prison.

— J’ai de bonnes nouvelles.

Reverdi soupira :

— Tu as toujours de bonnes nouvelles.

Wong-Fat ne se laissa pas désarçonner :

— Nous avons marqué un nouveau point. Nous…

— Tu sais ce qui m’intéresse.

Jimmy se mordit les lèvres. Jacques lut dans ses yeux une déception qui l’amusa. Le Chinois était jaloux.

— Vous voulez parler des lettres ? Je les ai amenées. Je…

Jacques fit un geste explicite. L’avocat déversa les enveloppes sur la table. Leur nombre était en baisse. L’effet de la guerre. Et du SRAS. Ou même de l’usure : on l’oubliait déjà en Europe.

Il les feuilleta rapidement. Sa main se plaqua sur une lettre. Il venait de reconnaître son écriture. À cet instant, la vue des bords ouverts lui fit mal. Il comprit l’avertissement : il ne pouvait plus supporter cette violation de son intimité – de « leur » intimité. Il prit la lettre d’Élisabeth et abandonna les autres :

— On remet notre rendez-vous à demain.

Jacques, votre procès est dans quelques semaines et… Reverdi secoua violemment ses chaînes, afin que le gardien vienne le libérer :

— Demain, répéta-t-il. J’aurai un service à te demander.

— Quel service ?

— Demain.

 

Le crépuscule, encore une fois.

Impossible de se rendre dans son repaire habituel.

À cette heure, les douches étaient occupées. Les « soirs de paix », les homos s’y cachaient pour pratiquer leurs jeux érotiques. Les « soirs de Raman », personne ne s’y risquait.

Il ne pouvait non plus se rapprocher des cuisines : pas question de lire sa lettre dans les remugles de bouffe. Il décida de retourner dans sa cellule, quitte à s’y enfermer et à se priver de dîner.

Reverdi contourna les édifices centraux, longea le bâtiment C et retint son souffle pour affronter le D, là où se trouvait ce qu’il appelait le « mur des lamentations ». Une sorte de parapet, qui donnait sur un terrain vague, où les travestis thaïs, en contrebas, tapinaient. La plupart des taulards n’avaient pas de quoi se payer une vraie passe, alors ils restaient là, derrière le muret, regard tendu, genoux fléchis, se branlant comme des épileptiques, en observant les travelos faire leurs effets de jupons. Reverdi les aurait bien grillés sur place avec un lance-flammes, rien que pour rendre quelques degrés de dignité à l’humanité.

Il atteignit le bâtiment B, où se trouvait sa cellule. Il grimpa l’escalier et emprunta une coursive. Sous ses pas, un grand filet était tendu pour empêcher les tentatives de suicide. Des oiseaux agonisants étaient toujours pris au piège dans les mailles. Il fila le long de la galerie. Des musiques s’entremêlaient, se répercutant contre les murs – raps violents contre romances sucrées. Des groupes se tenaient sur le seuil des cellules ouvertes, jouant aux dés, trafiquant encore, menant des conciliabules interminables. Leur sueur finissait par créer une brume puante, une sorte d’humidité poisseuse, qui collait sous les pieds nus.

Jacques parvint dans sa cellule et, sans hésiter, claqua la porte, sachant qu’il ne pourrait plus la rouvrir. Il s’assit en tailleur et glissa les doigts dans l’enveloppe déjà déchirée.

Mentalement, il ordonna à la feuille pliée de ne pas le décevoir.

 

Paris, le 29 mars 2003

Cher Jacques,

Votre lettre m’a plongée dans une profonde exaltation. J’étais si heureuse que vous ayez saisi mes intentions, perçu ma sincérité !

Aujourd’hui, vous me demandez des gages de franchise. Sans comprendre ce que cela signifie, je vous réponds : « Tout ce que vous voudrez. »

Vous n’avez qu’à m’interroger, je n’aurai aucun secret pour vous. Mais je vous préviens : je ne suis qu’une étudiante sans histoires. Une Parisienne qui vit pour étudier et tenter de comprendre les autres. Ma personnalité en elle-même n’a rien de bien passionnant. Pourtant, si cette mise à nu peut être un pont tendu entre nous, alors, oui, je vous dirai tout…

En espérant qu’ensuite, vous me livrerez à votre tour quelques clés de votre personnalité. Puis-je espérer cela ? Puis-je prier pour que vous m’offriez un jour quelques révélations ?

Jacques, cher Jacques, j’attends vos questions… J’ai hâte de vous lire et de voir votre écriture me parler, indirectement, de moi. De nous.

J’attends votre lettre. Et, pour être sincère, je n’attends plus que cela.

ÉLISABETH

 

Reverdi contempla le ciel par la lucarne – rouge ardent. La chaleur de la lettre se diffusait en lui. Une coulée de vie qui se répandait dans ses veines, s’instillait à travers la moindre fibre de son corps. Une ventilation de bonheur.

Une nouvelle fois, il se félicita de son discernement. Il était toujours ce prédateur qui sait choisir sa proie. Il allait obtenir ce qu’il voulait de cette fille. Et ses confessions, au-delà de la transgression, de l’indiscrétion qu’elles impliqueraient, promettaient même d’être intéressantes… Il allait pouvoir pénétrer son intimité. Et déceler la couleur de son sang.

 

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